Depuis le 11 octobre dernier, les enfants ont (auront bientôt) un peu plus droit à une vie privée.
En effet, de nombreux sujets concernant les influenceurs sont en train d’être mieux encadrés. Cela a engendré quelques remises en question sur l’aspect économique d’une part et éthique d’autre part.
C’est peut-être grâce à ce nouveau métier dont les contours sont encore flous que l’on se pose véritablement des questions sur la présence des mineurs de manière globale en ligne. Parce que figurez-vous que le phénomène d’enfants influenceurs n’est pas négligeable et entraine des comportements similaires sur l’ensemble des mineurs en ligne.
Ainsi, un texte visant à protéger les enfants de l’exposition excessive sur les réseaux sociaux a récemment été adopté par l’Assemblée nationale.
Alors certes, une exposition excessive n’entraine pas nécessairement le critère « d’enfant influenceur ». Mais ce texte a le mérite de commencer à traiter le sujet de la présence en ligne des enfants.
Avec ce texte, l’accord des deux parents sera désormais nécessaire pour mettre en ligne un contenu relatif à leur enfant. Cela pourrait paraitre évident, mais bon nombre de litiges ont suggéré qu’il était essentiel de le rappeler.
En effet, 50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques ont été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux chiffres extrait d’un rapport du National Center for Missing and exploited children.
Nous avions déjà eu l’occasion d’en parler dans un article précédent.
Alors bien entendu, cela peut faire peur, mais nous sommes tous conscients que la finalité, l’objectif poursuivi par le parent qui poste des photos de son enfant sur internet, est très éloignée des conséquences qui peuvent en découler. Il faut en avoir conscience, car ce que l’on poste ne nous appartient plus.
D’après une enquête britannique de 2018, « les parents postent en moyenne 1300 photos de leurs enfants avant qu’ils n’atteignent l’âge de 13 ans » !
13 ans ? Mais ne serait-ce pas l’âge minimum pour que l’enfant ou jeune adolescent puisse s’inscrire sur la plupart des plateformes de réseaux sociaux ?
On peut se demander à juste titre, « à quoi bon se battre pour y déposer un âge légal si les parents eux-mêmes exposent leurs enfants » ou se laissent happer par le cocktail : montrer, poster, afficher une vie de rêve, montrer ses victoires, prendre en photo directement sur la toile, poster, partager et cerise sur le gâteau : ne pas vérifier les accès et la confidentialité.
En somme, oublier que toute trace sur la toile ne disparait pas à la machine à laver comme une tâche sur un bavoir.
Une législation apparait et vous vous dites que le plus dur est fait pour protéger les enfants de la propension de parents à les exposer sur les réseaux ? Pas si sûr !
Le Sénat doit de nouveau examiner ce texte. Certaines questions peuvent encore émerger concernant la mise en place d’actions spécifiques pour protéger les mineurs. Et ça tombe bien parce qu’à notre sens, de nombreuses questions restent en suspens : quid en cas de désaccord parental ? Comment favoriser la prise de conscience parentale ? Quelles conséquences une exposition sur les réseaux sociaux peut-elle avoir sur le développement et le comportement des enfants ?
L’objectif de cette loi n’est en réalité qu’un moyen de responsabiliser les parents, de les faire réaliser, réagir, ça n’est que cette réaction qui permettra aux enfants de comprendre finalement, qu’ils ont leur propre conscience et individualité.
Ainsi, ils ont autant le droit de dire « non » que n’importe quel autre être humain. S’ils n’ont pas encore appris à le dire, ne les exposez pas. Simple conseil : découvrez, vivez dans cet espace réel du quotidien une plus belle aventure que ce que vous n’obtiendrez en dopamine en partageant sa première mousse au chocolat recouvrant la moitié de son visage.
Alors oui, le chemin est encore long pour garantir une protection des mineurs englobante, à chacun d’agir dans ce sens.
Parents, si vous avez peur pour vos enfants dans la rue, pourquoi les exposer sur internet ? On vous laisse toute l’opportunité de répondre à cette question.
N’oubliez pas, lorsque vous-mêmes parents, postez sur les réseaux sociaux des photos de vos enfants ou des enfants de vos amis/votre famille, vous donnez la possibilité à cet anonyme, à ces anonymes, d’utiliser ces informations, ces données, l’image de l’enfant et ses informations personnelles.
Vous ne pourrez jamais plus récupérer la pleine possession de son image et il n’aura jamais eu son mot à dire.
C’est pourquoi ce message doit s’imposer aux établissements scolaires. Tout ce qui se passe dans le réel ne doit pas nécessairement être transposé sur la toile.
Ce que la CNIL dit : https://www.cnil.fr/fr/cnil-direct/question/mon-enfant-ete-pris-en-photo-lecole-puis-je-mopposer-lutilisation-de-son-image
Pour aller plus loin … la CNIL vient tout juste de se prononcer sur le sujet le 18 décembre 2023 et vous donne quelques clés sur comment procéder en fonction des réseaux :
https://www.cnil.fr/fr/partage-de-photos-et-videos-de-votre-enfant-sur-les-reseaux-sociaux-quels-sont-les-risques
https://www.nominet.uk/2-7m-parents-share-family-photos-complete-strangers-online/